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Harcèlement scolaire : L'heure de sensibilisation ne passe pas

ÉDUCATION. Pour faire face au harcèlement scolaire, le ministère de l'Éducation nationale a organisé, entre lundi et vendredi, une heure de sensibilisation dans les collèges, en attendant la mise en place de mesures supplémentaires à la rentrée prochaine. Une opération qui n'est "pas à la hauteur de la cause" selon les syndicats.


Auteur de l'article : Harcèlement scolaire : L'heure de sensibilisation ne passe pas
Rédigé par Clicanoo

Depuis lundi, les collégiens de l'île et de l'hexagone sont sensibilisés à raison d'heure cette semaine sur la thématique du harcèlement scolaire et des réseaux sociaux ; une mesure demandée et mise en place par le ministère de l'Éducation nationale qui intervient à la suite du suicide de la jeune Lindsay, 13 ans, le 12 mai dernier. C'est, pour rappel, dans une lettre que la jeune collégienne habitant à Vendin-le-Viel, dans le Pas-de-Calais, a avoué être victime de harcèlement scolaire avant de passer à l'acte. Comme Lucas, 13 ans, et Thibault, 10 ans, avant elle cette année. Pour lutter contre ce fléau, la Première ministre Elisabeth Borne a promis de faire de la lutte contre le harcèlement "la priorité absolue de la rentrée 2023". C'est en ce sens que depuis lundi, une heure de sensibilisation est organisée dans les collèges français. Une étape de plus dans le dispositif pHARe (voir ci après), lancé à la rentrée de 2022, soit il y a presque un an maintenant.

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Mais voilà : du côté des syndicats, cette opération express ne passe pas. Le harcèlement scolaire, pour Jérôme Motet, est une "noble cause" qu'il faut "combattre". "Elle est légitime et a sa raison d'être, ajoute-t-il. Mais l'annonce du Ministre arrive juste après le suicide de Lindsay." Donner une heure de sensibilisation dans une semaine "est incohérent", tonne le syndicaliste, qui "tombe des nues". "C'est du bâclé, de l'impréparation, insiste-t-il. Ce n'est pas à la hauteur de cette cause." Dans le flou, le vice-président du Snalc Réunion s'est même interrogé sur les mise en application de cette mesure. "Est-ce que les enseignants vont en avoir la responsabilité ?, demande-t-il. En une semaine, cela me paraît compliqué, surtout que les enseignants sont déjà surchargés, avec des difficultés qui leurs sont propres."


Une "mesurette" et de "l'amateurisme"


Pour Marie-Hélène Dor, cette "mesurette" n'est rien d'autre que de "l'amateurisme". "Le question c'est pour faire quoi ?, demande la secrétaire départementale de la FSU. Cela fait une charge de travail supplémentaire pour les enseignants. C'est un rôle réservé à d'autres personnels de l'établissement, comme des infirmières, bien qu'elle soient en nombre insuffisant. Encore une fois, consacrer du personnel à ce sujet oui, mais il faut qu'il soit recruter avec des compétences en la matière. Ce n'est pas donné à tout le monde car ce problème, on le signale depuis des années. En, tant qu'enseignant, on essaye d'agir à notre niveau lorsqu'on a vent d'une telle situation, mais il faut aller au-delà de cela. Mais cela demande des moyens et du temps." Le timing de l'opération aussi déploré par la syndicaliste : "Ce n'est pas à la fin de l'année qu'il faut réaliser ce type d'opération, regrette-t-elle.
Ce n'est pas réaliste. Cela n'a pas d'impact car sensibiliser pendant une heure n'empêchera pas les comportements de se produire. Je ne vois pas ce qu'on peut faire en si peu de temps." D'autant qu'à la fin de l'année, "les établissements se vident, ajoute Marie-Hélène Dor. Les lycéens sont en passe de passer le bac et dans les collèges, on a un peu de marge même si le brevet approche à grands pas."
Autre point évoqué par les représentants d'enseignants : les établissements scolaires surchargés, dépassant les 800 élèves parfois. "Les effectifs sont intolérables et les jeunes sont de plus en plus difficiles, les enseignants se font aussi harceler", glisse Jérôme Motet. Cédric Lenfant, lui, regrette la "réaction à l'émotion" du gouvernement, qu'il décrit comme "un pansement sur une jambe de bois". "On a surtout besoin de moins d'enfants par classe, de plus d'infirmiers et d'assistants d'éducation pour être proche des élèves, tonne-t-il. Et ce, dans tous les établissements parce que le harcèlement scolaire est partout." De la maternelle au secondaire, même si les problématiques de l'école primaire restent "différentes" de celles rencontrées au collège ou au lycée. "Le harcèlement commence sur des détails qui paraissent infimes, ajoute le professeur des écoles. Quand on a des petites filles qui sont en pleurs ewn disant que les garçons leur tirent les cheveux parce qu'ils sont beaux, il faut prendre le temps d'expliquer que cela ne se fait pas, par exemple." Le problème, c'est qu'à l'école, "l'instituteur fait tout avec les enfants mais au collège ou au lycée, les élèves perdent ce lien", complète-t-il. D'où la nécessité d'avoir plus de personnels, comme des CPE ou des assistants d'éducation, "et qu'ils soient mieux formés".
Alors que Pap Ndiaye rencontrait les chefs d'établissements mardi soir et leur a renouvelé son soutien, l'heure de sensibilisation, elle, a commencé à se mettre en place dès  hier matin dans les collèges de l'île.

P.B

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> Une réalité parfois compliquée à comprendre

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