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Mayotte : “Cavani, c’est fini”

MAMOUDZOU. Le préfet de Mayotte a annoncé la fin du démantèlement du camp de migrants africains de Cavani qui cristallisait beaucoup de tensions dans l’île.


Auteur de l'article : Mayotte : “Cavani, c’est fini”
Rédigé par Clicanoo

Dans une vidéo postée sur Facebook, le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, visite ce qu’il reste du camp de réfugiés africains installés dans l’enceinte du stade de Cavani, situé au sud de Mamoudzou. Les images montrent la fin des opérations : un tractopelle qui détruit les abris de fortune construits à partir de palettes, de morceaux de bois récupérés et des bâches bleues. L’engin charge dans un camion des matelas en mousse restés sur place, d’autres débris et divers objets de la vie courante abandonnés sur cette bande de terre entourant la piste d’athlétisme et la pelouse synthétique.

La fin du démantèlement s’est opérée vendredi sous la protection de gendarmes mobiles. Aucun heurt n’a été signalé. Sur les images, on voit le préfet donner des consignes : “vous me dégagez tout ça !”, dit-il devant les amas de plastiques et de bois. “L’engagement avait été pris : Cavani, c’est fini. Nous avons procédé aujourd’hui au dernier relogement des personnes listées avec un numéro de case. Les personnes sur le camp sans droit ni titre ont été évacuées. Cette opération est terminée. Nous pouvons nous en satisfaire. Une nouvelle étape commence. Avec la mairie de Mamoudzou et le Conseil départemental, nous allons sécuriser le site pour éviter de nouvelles implantations. Nous allons redonner à cet espace sa vocation naturelle pour permettre à des jeunes de pratiquer du sport”. “Engagement tenu !”, a salué dans un post sur X la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux. Selon elle, “le démantèlement du camp de Cavani était une priorité pour ramener durablement le calme et la paix sociale à Mayotte”.

En visite à La Réunion, le 17 janvier, à la suite du passage du cyclone Belal, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, avait annoncé le démantèlement du camp où ont vécu jusqu’à 700 migrants installés depuis plusieurs mois et venus de la République démocratique du Congo, du Rwanda, du Burundi ou encore de Somalie. Les évacuations avaient débuté le 25 janvier. "Il n’y a pas de faillite de l’État", avait ajouté le ministre.

LES ÉLUS MANIFESTENT 

Répondant à une question du député LR Olivier Marleix, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Gabriel Attal a demandé, le 7 février, une “accélération” du démantèlement. “Je le dis très clairement et très fermement, je le redis : le démantèlement de ce camp est en cours et sera mené à son terme”, avait ajouté Gabriel Attal.

Pour “faire réagir les élus locaux”, plusieurs collectifs de citoyens ont cadenassé en décembre dernier les services de quasiment toutes les mairies de l’île, du Conseil départemental de Mayotte, propriétaire du stade, et de plusieurs services de la préfecture. Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a protesté contre l’installation de ce camp en commençant un sit-in quotidien, le 6 décembre, face au stade pour interpeller l’Etat. “Cette situation n’est pas acceptable, observait l’élu. L’Etat doit assumer. Il n’est pas possible d’accorder une protection à ces personnes et de les laisser dans cette situation d’insalubrité, sous le soleil ou sous la pluie”

En janvier, la quasi-totalité des élus locaux avaient conduit une manifestation devant la préfecture pour alerter l’Etat. Sans être entendus.  Les barrages ayant bloqué Mayotte ont éclaté dans les jours qui ont suivi la visite de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui avait expliqué que le démantèlement du camp prendrait du temps en raison des procédures.

Fin février, plus de 300 migrants africains, ayant obtenu le statut de réfugiés, ont quitté Mayotte pour être acheminés en métropole. Ils ont été accueillis dans un premier temps dans des résidences étudiantes désaffectées jouxtant le  le château de Thiverval-Grignon, situé dans les Yvelines. Les familles, prises en charge par Emmaüs Solidarité, ont depuis été orientées sur différents sites en province. L’extrême droite s’est emparé du sujet pour en faire une polémique en utilisant l’image de migrants menant la vie de château. Quitte à totalement travestir la réalité. “Entrez clandestinement à Mayotte, vous pourrez être rapatriés en métropole et logés dans un château du XVIIe siècle !”, avait dénoncé avec ses accents populistes Jordan Bardella, président du Rassemblement national.

Interrogé par le journal Le Monde, le directeur d’Emmaüs Solidarité a estimé que cette opération de transfert de Mayotte vers la métropole a été “exemplaire, avec des conditions d’accueil dignes et des solutions pour chacun". Selon le préfet des Yvelines Jean-Jacques Brot qui a été préfet de Mayotte, les élus locaux et la population ont accueilli les migrants “avec une grande fraternité”. “Notre devoir de Français est bien évidemment d’accueillir ces personnes”, a ajouté le préfet au Monde. 

JÉRÔME TALPIN

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