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Mayotte : Un premier cas avéré de choléra en provenance d’Anjouan

MAYOTTE. L’Agence régionale de santé a confirmé hier l’identification d’un premier cas de choléra sur le territoire. Il s’agit d’une femme arrivée la veille d’Anjouan, et qui s’est signalée au centre 15 dès l’apparition de symptômes.


Auteur de l'article : Mayotte : Un premier cas avéré de choléra en provenance d’Anjouan
Rédigé par Clicanoo

Avec la multiplication des cas ces dernières semaines aux Comores, la question n’était plus de savoir si Mayotte allait devoir faire face au choléra, mais plutôt quand. Le premier cas a été identifié avant-hier au centre hospitalier, où une femme résidant le village de Passamainty, sur la commune de Mamoudzou, a été admise au sein de la "cellule choléra" avec des symptômes évocateurs de la maladie.

La nouvelle est parvenue hier matin jusqu’aux médias locaux, et confirmée quelques heures plus tard par l’Agence régionale de santé. Selon les premiers éléments, la patiente prise en charge s’est elle-même faite connaître auprès du centre 15 après avoir ressenti les premiers effets de la maladie.

Cas contact négatifs

Selon l’ARS de Mayotte, la femme revenait tout juste d’un séjour à Anjouan, où elle a indiqué avoir été en contact avec des personnes ayant contracté la maladie. Le soir-même, des investigations ont été menées dans son entourage par les autorités sanitaires à la recherche d’éventuels cas contact. À commencer par les autres passagers du kwassa-kwassa à bord duquel elle a fait le voyage et qui ont pu être identifié. Tous se sont avérés négatifs selon l’ARS.

Les personnes partageant son domicile ont également été soumises à un examen, tandis que logement et ses alentours ont fait l’objet de mesures de désinfection dès mardi matin. Selon le site d’informations local Linfokwezi, certains proches de la patiente ont reçu dès lundi soir un traitement antibiotique, deux autres ayant fait l’objet d’une vaccination.

"Il y a environ 1 600 doses de vaccin contre le choléra buvables ou injectables disponibles à Mayotte, mais qui sont pour l’heure limitées aux professionnels de santé qui seraient amenées à prendre en charge des patients, ainsi qu’aux personnes vulnérables" expliquait hier Ismael Habib de l’URPS Infirmiers Mayotte, contacté par Le Journal de l’île.

Au cours d’une conférence de presse organisée hier matin, le préfet de Mayotte François-Xavier Breuville a promis "transparence et réactivité" face au risque choléra, précisant, au sujet de la patiente atteinte, que sa prise en charge avait été "rapide et sécurisée" et que "d’après les informations qui sont les nôtres, la personne va mieux."

Douze morts au Comores

Fin février, l’ARS de Mayotte avait présenté son "plan de riposte au risque d’introduction du choléra", comportant notamment un renforcement du contrôle sanitaire aux frontières, des messages d’alerte aux professionnels de santé, la sécurisation d’un circuit de prise en charge hospitalière dès l’identification d’un cas suspect, ou encore la création d’une équipe d’intervention composée d’une équipe d’investigation médicale et paramédicale, d’une équipe d’investigation environnementale, d’une équipe de désinfection des foyers et d’une association de prévention. Un dispositif qui a pu être déployé avant-hier soir, dès l’appel reçu au centre 15.

Confirmée depuis le 2 février, la circulation du choléra aux Comores continue d’être observée dans l’archipel, avec un premier cas recensé sur l’île d’Anjouan le 6 mars. Selon le dernier bulletin épidémiologique communiqué par le ministère de la Santé de l’Union des Comores au 13 mars, 491 cas suspects ont été investigués depuis le début de la crise, permettant d’identifier 227 positifs, soit 27 cas pour 100 000 habitants. Douze décès ont été recensés par ailleurs.

Maladie infectieuse mortelle, le choléra se manifeste par des diarrhées, des vomissements, des douleurs abdominales et une fatigue générale, symptômes pouvant entraîner une déshydratation fatale du sujet en quelques heures faute de prise en charge. Celle-ci consiste principalement à réhydrater le patient, avec éventuellement une prise d’antibiotiques pour les cas graves.

Sébastien Gignoux

> "La réactivité est la clef"

Mobilisée depuis plusieurs semaines pour anticiper une potentielle épidémie de choléra à Mayotte, l’ONG spécialisée dans l’eau, l’hygiène et l’assainissement Solidarités International a été déployée pour accompagner les équipes en charge de la désinfection du domicile de ce premier cas avéré dans l’île-hippocampe. Depuis fin février, l’ONG indique avoir assuré la formation de 195 personnes en charge de la surveillance épidémique dans les communautés.

"Le choléra vient se rajouter à la longue liste qui ne cesse d’augmenter, des maladies liées à l’eau qui touchent Mayotte de plein fouet et qui est aggravé par les pénuries d’eau" souligne l’organisation, rappelant que "pour éviter ou contenir une épidémie de choléra, il faut que la population puisse avoir accès à de l’eau potable pour boire, se laver, cuisiner, etc. Or, ça n’est pas le cas à Mayotte puisque 18% de la population n’a pas accès à l’eau potable à domicile ce qui l’oblige à avoir recours à des solutions alternatives comme des sources d’eau non vérifiées" souligne sa directrice, Manon Gallego. Et d’insister sur l’importance des relais au niveau local afin de faire remonter au plus vite les informations sur les cas suspects : "la réactivité est la clef de la gestion d’une épidémie de choléra".


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