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À la découverte de l’univers de Batkaré

MUSIQUE. Le groupe Batkaré est né en 2018 de la rencontre d’Emilie Maillot et Bruno Huet, pour qui la musique a été un élément majeur de reconnexion à leur langue et à leur culture réunionnaises. Ils ont par la suite été rejoints par deux autres artistes amoureux de La Réunion avec qui ils partagent une conviction commune : la musique est un vecteur puissant d’émotion et de conscientisation.


Auteur de l'article : À la découverte de l’univers de Batkaré
Rédigé par Clicanoo

Pour commencer, présentez-vous ainsi que le groupe.

Emilie Maillot : "Bruno Huet et moi sommes les deux fondateurs du groupe. Au début, en 2028, nous n’étions que deux. Ensuite, nous avons été rejoints par Guilhem Parlongue qui joue du Tablas et du violoncelle. Puis Mathieu Renaud, qui joue de la guitare et du dobro s’est joint au groupe. Nous avons donc été quatre pendant quelque temps et lorsque nous avons enregistré l’EP, il y a un bassiste qui nous a rejoints : Tristan Robert. Et actuellement, en live, nous jouons avec un autre bassiste qui s’appelle Julien Picca". 

Quelles sont vos inspirations pour votre musique ?

Emilie Maillot : "Au niveau du style, c’est une musique qui s’inspire beaucoup de La Réunion, et notamment du maloya. Avec aussi des sonorités blues et indiennes. Les textes sont écrits en créoles, et sont très imagés et poétiques".

Bruno Huet : "On tire ça des douleurs de la vie, de la joie du soleil qui se lève. Kan nous crée un nafair, c’est parce que la tape dans nout coeur. Mwin lé pas musicien, mi comprend pas du tout la musique. Et nou, nou fabrik un train ansamb parce que la réunion de nos êtres la été primordial. Nou la décidé ansamb de comment nou sa koz ansamb. Et après nou la fait de la musique, nou sé des artisans, nou fait ti bout par ti bout. Nou sert à nou de la musique comme support parce que nous yaim ça, mais d’abord nou veut créer quelque chose que lé de l’ordre de l’intention du soin, de partager de la résilience, d’aborder les zistoirs faciles et difficiles".

Votre groupe s’appelle Batkaré, comment l’avez-vous trouvé ?

Bruno Huet : "Des fois ou lé à un endroit et si ou sorte pas de cet endroit là, ou lé mort déjà en fait. Y faut cheminer pou arriver. Dans notre musique, n’a plusieurs chemins y arrive terla, n’a le chemin du blues, de la musique classique, indienne. Le ‘Batkaré’, c’est un peu ça, parce que nou l’a des inspirations d’ici et d’ailleurs. L’idée c’est de partir de ce que nous néna andann, pour explorer ça que nous néna".

J’ai pu voir que vous aviez reçu le titre de meilleur texte au Prix 20 Desamb en 2019 ? Est-ce que ce prix a été un tremplin pour le groupe ?

Emilie Maillot : "Ce titre nous a beaucoup touché parce que c’est souvent de là que partent nos créations. Nou mèt un grande attention aux mots que nous choisi. Néna aussi quelque chose que la touche à nou par rapport à la langue créole, surtout Bruno et mwin car quand nou lété petit, nous la mèt tout ça loin de nous. La musique la permèt à nous de reconnecte à nou à la richesse de notre langue. Donc recevoir un titre de meilleur texte, n’avait beaucoup de sens pou nou. Mi pense que la participation à ce Prix 20 Desamb a été un tremplin pou nou. La emmène à nou à structure à nou d’avantage, à créer des pages sur les réseaux sociaux, … La vraiment été un bel occasion de structuration, de rencontres aussi et de visibilité".

Votre premier EP, Andann, est sorti le 23 mars, parlez-nous un peu de celui-ci.

Bruno Huet : "Avant de dire nou batkaré, y faut ou mèt un linge sur ou,…Pou commence cheminer, l’idée c’était de sortir ce que n’avait vraiment au plus profond de nos coeurs. Mi di souvent en spectacle que mi apporte mon livret de famille. La parentalité la été un vrai truc pou mwin, mi dit souvent que ma la éduque mes enfants mais c’est zot que la élève à mwin, la rouve mes yeux, mon coeur, sot la fait de mwin un moune. Et pou les autres, c’était de raconter tous les chemins que la fabrik zot socle. L’idée c’était vraiment de sortir du dedans pou amène la lumière dehors. Tout ça la été fait avec nous band zistoirs personnelles. Nou lé trois à créer au niveau des textes, avec Guilhem que l’a propose à nou un texte en français que nou la traduit en créole. Au niveau de la musique, nou déstructure ça au possible et chacun y accapare li le zaffair un ti peu. Lé très collaboratif ce zistoir là. L’EP lé présenté un peu particulièrement, lé dans un bal goni. Lé représentatif, y fait parti de notre vie".

La création de cet EP s’est faite sous la houlette de Davy Sicard, qu’est-ce que ça fait de travailler avec un artiste tel que lui ?

Bruno Huet : "Tout ça la été réalisé sous le regard structurant et aimant de Davy Sicard. Nou la eu la chance que c’était notre premier repère alors que personne y connait pas nou. Monsieur là, la écoute nout band musique et la dit a nou les pas mal ce que mot y fait, nou peut travail ansamb si zot y veut". 

Emilie Maillot : "Travailler avec Davy Sicard ça a été très enrichissant, à la fois musicalement et humainement, c’est quelqu’un avec beaucoup de bienveillance et de générosité. En plus, c’est un artiste que nous yaim chacun individuellement. C’était un vrai cadeau".

Emma HOAREAU


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