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Le désarroi de la communauté mahoraise face aux "violences et à la stigmatisation"

SAINT-DENIS. En visite à La Réunion, Mansour Kamardine, député de l'île aux parfums, a organisé un temps d'échanges dans les locaux de la "Maison de Mayotte" ce samedi.


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Rédigé par Clicanoo

Un rapide coup d'œil aux commentaires de nos médias locaux permet de prendre conscience de l'ampleur du phénomène. Face à la montée des violences urbaines dans plusieurs communes de l'île du Nord et de l'Est depuis plusieurs mois maintenant, la communauté mahoraise est la cible de discours virulents de toutes parts. 

Récemment pointée du doigt dans une pétition en ligne, intitulée dans un premier temps "Non à la délinquance venue de Mayotte à La Réunion". Ou encore via le positionnement d'élus tels que le député Jean-Hugues Ratenon, qui réclamait au début du mois de mars "l’expulsion du territoire des violents" ou encore "l’arrêt immédiat de la venue des enfants de Mayotte dans des familles sur notre territoire sans contrôle et qui se retrouvent à la rue", écrivait-il. 

"Avalanche d'attaques gratuites, d'amalgames et de confusions"

"Je lis la presse et les réseaux sociaux. J'ai vu que vous avez été, nous avons été, lourdement mis en cause ici." Mansour Kamardine, député LR de la deuxième circonscription de Mayotte, ce samedi dans les locaux de la délégation de Mayotte à La Réunion (DMR) à Saint-Denis.

Sur l'île depuis trois jours dans le cadre d'une mission parlementaire sur les "risques naturels", l'élu a souhaité clôturer sa visite par un temps d'échanges avec les Mahorais de la Réunion, dans ce contexte tendu où la communauté est sujette à une "avalanche d'attaques gratuites, d'amalgames et de confusions", dit-il. 

Discours rimant "difficilement avec l'idée que nous nous faisons de la République" et allant jusqu'à remettre en cause, en toile de fond, l'appartenance des Mahorais à la nation par le biais de propositions inapplicables sur le plan légal. "En considérant qu'ils sont Comoriens alors qu'ils sont Français depuis deux siècles. Lorsqu'ils viennent ici, ils sont en France. Il en va de même pour nos compatriotes réunionnais qui viennent à Mayotte", martèle Mansour Kamardine. 

PISTES DE RÉFLEXION

L'enjeu de la rencontre : "Venir écouter les Mahorais, qui sont très affectés par cette situation." Mais surtout engager des pistes de réflexion et "trouver ensemble des réponses" pour endiguer ce phénomène de violences que nul ne conteste. 

Le micro passe de main en main. Chacun exprime son désarroi face aux violences, à l'insécurité et au lien qui semble s'affaiblir avec une partie de la population réunionnaise. "La situation est de plus en plus compliquée, mais l'amour entre les Réunionnais et les Mahorais a toujours existé", rappelle une dame dans ce public composé de gens natifs de l'île ou installés plus récemment, comme Marie. 

"On l'a vu dans les médias : des élus réunionnais réagissent à ces violences en tenant des propos de nature à fustiger l'ensemble de la communauté mahoraise. J'ai envie de leur dire : nous sommes dans le même bateau", s'exprime-t-elle. Celui d'une "violence croissante" commise en grande partie par des enfants et adolescents. "Ces phénomènes sont nouveaux et il faut qu'on les comprenne, qu'on puisse en analyser l'origine et poser un diagnostic. Qui sont ces enfants ? Où vivent-ils ? Qui en sont les responsables ? Je vous invite, Monsieur le Député, à tendre la main aux élus réunionnais, afin d'échanger et de trouver des solutions sur le long terme. Car le constat est tel qu'on ne peut l'ignorer. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?", lance la jeune femme. 

PARTIE INTÉGRANTE DE LA SOCIÉTÉ RÉUNIONNAISE

Tous appellent à l'union de la communauté dans ce contexte difficile de "stigmatisation" disent-ils. "Nous devons, ensemble, montrer que nous avons des choses à apporter et notamment sur ces sujets d'actualité" déclare un Représentant de la Délégation de Mayotte à La Réunion. Que ce soit dans la "lutte contre le racisme, l'antisémitisme et toutes les formes de discriminations et de violences. Aussi, la haine contre la communauté mahoraise, qui est une réalité", déplore-t-il. Rappelant au passage que tous font partie intégrante de la société réunionnaise.

"Nous souhaitons que ce travail soit accompagné par l'ensemble des acteurs de ce territoire, car nous souhaitons apporter notre pierre à la paix sociale et à la collectivité. Nous disons non aux violences, non aux discriminations, non aux stigmatisations. Vive le vivre-ensemble."

Céline Legay
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