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Aéroport de Petite-Terre : le projet de piste longue tourne court

MAYOTTE. Le projet de piste longue sur l’aéroport de Petite-Terre est mort et enterré. Promis dès 2019 par Emmanuel Macron, le rallongement de cette piste de 1 930 m, ne permettant pas aujourd’hui les mouvements à pleine charge de la plupart des gros porteurs, est abandonné au profit d’un nouvel aéroport en Grande-Terre, à Bouyouni, à l’horizon 2035. Les élus mahorais peinent à y croire.


Auteur de l'article : Aéroport de Petite-Terre : le projet de piste longue tourne court
Rédigé par Clicanoo

La nouvelle est tombée le mardi 7 mai dernier, lors d’une réunion entre les parlementaires mahorais, le préfet de Mayotte, la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux et le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete : il n’y aura pas de piste longue pour l’aéroport de Petite-Terre. Après des années de tergiversations, le rallongement de la piste de l’actuel aéroport de Mayotte est abandonné au profit d’une nouvellle plateforme aéroportuaire en Grande-Terre, entre Bouyouni et Mtsangamouji. 

« Risque d’effondrement et de submersion » 

« Les techniciens nous ont indiqué que le site de Petite-Terre présentait des inconvénients et que le site de Grande-Terre serait plus approprié", explique le sénateur Saïd Omar Oili, cité par nos confrères de Mayotte La 1ere. « Avec le volcan sous-marin et le risque de séisme, il y a la possibilité que la piste s'effondre. Le deuxième risque, c'est la submersion marine d'ici 2035 entre l'affaissement de la piste et la montée des eaux." Des explications qui laissent dubitatif l'ancien président de la communauté de communes de Petite-Terre. " Est-ce que d'ici 2035, on sera capable de lancer l'aéroport de Bouyouni ? Je n'y crois pas", interroge le parlementaire mahorais. "J'ai posé comme préalable qu'il faut d'ici là sauver la piste de Petite-Terre, sinon ça va poser un problème d'aménagement : que va devenir Petite-Terre ? Il y a d'autres pistes à explorer."

Tous aux abris ! 

Même inquiétude du côté de la députée, Estelle Youssouffa (LIOT), qui profitait de la séance des questions au gouvernement, ce mardi à l’Assemblée pour interroger le Premier ministre Gabriel Attal sur l’avenir de la desserte aérienne de Mayotte. « L’épidémie de choléra illustre le naufrage de l’État à Mayotte, mais nous, Mahoraises et Mahorais, nous battons. Nous sommes debout et vigilants et nous voulons un avenir. Cela passe par la desserte aérienne de notre île et par la piste longue » tonne l’élue mahoraise. « Votre ministre des transports a annoncé en petit comité que notre volcan sous-marin exclut la possibilité de construire la piste longue en PetiteTerre à cause d'un risque de submersion et de tsunami (…) ». Soit. Mais « quelle mise à l’abri prévoyez-vous pour la population de Petite-Terre manifestement en danger ? » ironise-t-elle, à peine, auprès du chef du gouvernement et de son ministre des transports, Patrice Vergriete. 

« Les Mahorais n’iront pas utiliser l’aéroport des Comores… » 

Et si la députée de l’île au Lagon admet que le choix de Boyouni en Grande-Terre, pour la construction de ce nouvel aéroport, près du port de Longoni, « ouvre des perspectives économiques inédites, positionnant Mayotte en plateforme logistique du Canal du Mozambique », elle s’interroge sur les délais de mise en place de ce changement de cap. « A quelle date sera donné le premier coup de pioche » souffle-t-elle. « Parce que le temps presse » s’emporte Estelle Youssoufa, sous le regard du journal local France Mayotte Matin qui a suivi les échanges mardi à l’Assemblée.« L’État nous dit que l’aéroport actuel serait inutilisable dès 2035, c’est-à-dire demain. Pas le temps de louvoyer pour laisser le dossier au prochain locataire de l’Élysée comme c’est l’habitude depuis 40 ans. Je vous le dis ici, Les Mahorais n’iront pas utiliser l’aéroport des Comores en attendant que Paris se décide et construise un aéroport pour désenclaver notre département. » menace-t-elle à peine, dans cette intervention rapportée par le journal mahorais.    

« Ni renoncement, ni recul » 

Conscient que le desserte aérienne de Mayotte est un  « enjeu majeur », qui « garantit la continuité territoriale de l’archipel » le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete confirme le choix de « la construction d’un nouvel aéroport sur un site alternatif plus sûr ». « C’est donc ni un recul, ni un renoncement, mais un nouveau projet, une réorientation du projet que nous devons élaborer ensemble, en toute transparence (…) » assure le ministre, cité par notre confrère de l'île hippocampe. 

C’est en revanche la fin d’une longue attente de 13 ans, après la fin du débat public sur le projet de rallongement de la piste de l’aéroport Marcel Henry, à Dzaoudzi. La piste d'une longueur de 1 930 m ne permettant pas les mouvements à pleine charge de la plupart des gros porteurs, Emmanuel Macron avait promis en 2019, le début des travaux pour 2022… Entre-temps, la découverte d’un volcan sous-marin au large de l'île aux Parfums, baptisé « Fani Maoré » a remis en cause le cahier des charges et scellé le sort de cette piste longue sur l’actuel aéroport de Mayotte.

P.P. 

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