Épidémies : une hausse limitée mais à surveiller
Santé. Leptospirose, dengue, bronchiolite, covid, grippe, toutes ces pathologies infectieuses sont présentes sur le territoire. Si la bronchiolite est en phase post-épidémique, les autres infections saisonnières pourraient bien monter en puissance.
Rédigé par Clicanoo
Comme à chaque saison chaude et humide, les mêmes alertes sont lancées par Santé Publique France. Mais cette année la leptospirose s'annonce plus menaçante, notamment dans le sud de l'île, avec 40 cas déclarés en janvier vs 13 à la même période en 2023. Rien de vraiment étonnant étant donné la pluviométrie 2,5 fois plus élevée qu'à l'ordinaire et un cumul moyen insulaire dépassant tout juste 1000 mm. "Janvier 2024 se place au troisième rang des mois de janvier les plus pluvieux depuis 50 ans", précise Météo France, qui note "une certaine ressemblance avec 2018" où les zones Sud et Sud-Est avaient aussi été particulièrement touchées. En 2023, pour la même période de l’année, 13 cas avaient été déclarés.
Le secteur Sud (73% des cas) reste le plus touché, même si des patients résidant dans les secteurs Est et Ouest sont identifiés depuis le 6 février dernier. Le profil des malades, majoritairement des hommes (92%) ainsi que les hypothèses de contaminations (travaux agricoles, jardinage, élevage et plus modérément loisirs en eaux douces) restent les mêmes qu'habituellement décrits sur l'île. 72% des personnes contaminées (21) ont été hospitalisées, dont 45% en réanimation (13 personnes).
La dengue en hausse au Sud
Autre sujet de préoccupation quoique plus mesurée, la dengue. Les chiffres sont en hausse (15 à 17 cas par semaine) dans plusieurs communes du Sud (St-Pierre, Étang Salé, St-Louis, Petite-Ile, Le Tampon et St-Philippe) mais c’est la commune de St-Joseph qui compte le plus de cas avec plusieurs foyers actifs. Des cas ont aussi été signalés au Port et à St-Benoit (1 cas chacune). Les premiers résultats montrent la présence du sérotype DENV2. L’impact sanitaire reste à ce jour faible avec 6 passages aux urgences (CHU Sud) depuis le début de l’année pour syndrome compatible avec la dengue et aucune hospitalisation signalée. Une augmentation du nombre de consultations en médecine de ville (13 en S06 vs 7 en S05) pour syndromes cliniquement compatibles avec la dengue. Au 13 février, 8 cas importés ont été signalés au retour d’un voyage à Maurice et à Rodrigues. Les conditions climatiques étant optimales pour le moustique vecteur, les principes de précaution concernant les gîtes larvaires doivent être impérativement respectés afin d'éviter la montée en puissance de l'épidémie.
Hausse des infections respiratoires
Les infections respiratoires aiguës (IRA) sont très surveillées par les instances de santé. Ainsi, Santé publique France note une augmentation des passages aux urgences pour motif de syndrome grippal en S06. Le taux de positivité était en augmentation avec 17% des tests positifs pour les virus grippaux en S06 contre 10% en S05. Le nombre d’hospitalisations était également en augmentation en S06 avec 7 hospitalisations vs 2 en S05. Ceci étant, les chiffres restent bas (moins de 1% de l'activité globale des urgences).
En ce qui concerne la bronchiolite (VRS) chez les enfants de moins de 2 ans, les passages aux urgences étaient hausse en S06 comparés à la semaine précédente : 41 du 5 au 11 février (S06) vs 27 la semaine précédente. Le nombre des nouvelles hospitalisations a augmenté avec 22 hospitalisations contre 6 en S05. Le taux de positivité pour le VRS chez les moins de 2 ans a également pointé vers le haut : 44% vs 30% en S05. Malgré cette augmentation, La Réunion passe en phase post-épidémique VRS avec un impact sanitaire limité.
Mireille Legait
> Les Urgences davantage sollicitées
L’activité des urgences (toutes pathologies) était en hausse avec 3 908 passages comptabilisés en S06 vs 3 042 passages en S05 (+ 13%). L’activité des médecins de ville était en baisse avec 2 349 passages en S06 vs 3 066 passages en S05 (- 23%). Pour autant, il est constaté une progression des consultations pour des IRA (5,9% S06 vs 4,9% S05). En outre, malgré une baisse du taux de consultations pour un syndrome de conjonctivite, la part d’activité (1,7% S06 vs 4,4% S05 ) reste très supérieure à la moyenne sur la période 2015-2022. Un passage en épidémie n’est pas à exclure si cette tendance devait se confirmer en S07/2024. À savoir, l'épidémie est en cours à Mayotte.
> Leptospirose : formation en ligne pour les soignants
Santé Publique France et l’ARS Réunion organisent le mardi 27 février de 18h à 20h un webinaire d’information gratuit en ligne pour sensibiliser les professionnels de santé à la leptospirose. Suspicion, diagnostic, prise en charge, ces modules seront animés par des médecins, des biologistes et des épidémiologistes locaux.