Une bonne dynamique économique en 2022 avant un net ralentissement cette année
CONJONCTURE. L'Iedom (Institut d'émission des départements d'outre-mer) a présenté sa synthèse annuelle de l'économie réunionnaise en 2022 et les perspectives pour cette année. Si, l'année dernière, l'économie a été dynamique, 2023 s'annonce plus délicate, notamment en raison des effets de l'inflation.
Rédigé par Clicanoo
"2022 a été une année assez bonne, avec une bonne dynamique. Une année de bonne continuité économique. Par contre, 2023 montre un certain nombre de points de ralentissement. La consommation ralentit assez nettement", explique, en introduction, Philippe La Cognata, directeur régional de l'Iedom à La Réunion. En 2022, l'activité économique à La Réunion s'inscrit dans le prolongement de la reprise robuste de 2021. Le climat des affaires s'améliore par rapport à l'année précédente (l'indicateur du climat des affaires atteint 114 points en moyenne contre 111 points en 2021), et l'emploi salarié progresse encore, quoiqu'à un rythme plus faible (les créations nettes d'emploi s'élèvent à +6 400 en 2022 après +15 300).
"Nous avons deux indicateurs pour mesurer une bonne année. L'indice du climat des affaires et la création d'emplois", rappelle Nicolas Gobalraja, responsable du service études et établissements de crédit au sein de l'Iedom. Dans ce contexte, les secteurs économiques connaissent des trajectoires plus singulières qu'en 2021. Alors que le secteur du tourisme profite de la fin des mesures de freinage de la circulation du Covid pour retrouver un niveau de fréquentation proche de son niveau pré-crise, le secteur agricole souffre, quant à lui, du doublement du prix des engrais et de conditions climatiques extrêmes.
Persistance de l'inflation
Les points de ralentissement sont à mettre sur le compte de l'inflation qui n'est pas encore arrivée à son maximum, selon l'Iedom. "L'inflation, qui s'est déjà hissée à des niveaux élevés, mais qui reste à La Réunion encore inférieure à la France métropolitaine, devrait persister, à mesure que la hausse des prix des intrants achève de se diffuser dans l'ensemble de l'économie", note l'institut. En glissement annuel sur 2022, l'Iedom l'estime à 3,6 % en moyenne. "Elle a un impact sur les consommateurs, mais aussi sur de nombreux secteurs tels que l'agriculture, le BTP ou encore l'industrie", précise Nicolas Gobalraja. L'impact vient de la hausse des intrants comprise entre 20 et 33 % en fonction des secteurs. "Par exemple, le prix des engrais a doublé en 2022", poursuit-il. La répercussion, même si elle n'a pas été totale, se ressent pour le consommateur. Et les perspectives pour 2023 ? "Il va y avoir une persistance de cette inflation comme l'a expliqué la Banque de France", ajoute Philippe La Cognata.
Dossiers de surendettement en hausse
Premier indicateur non négligeable, la baisse de la consommation des ménages. "Sur les transactions par carte bleue, nous avons une baisse d'1,7 % entre janvier et mars de cette année", indique Nicolas Gobalraja. Les consommateurs font des choix. Les produits "haut de gamme" commencent à faire les frais de l'inflation. Des consommateurs qui se tournent de plus en plus vers les produits de première nécessité, notamment le riz dont les ventes sont en forte hausse. Cette tendance se voit aussi sur les conditions de financement. Un "resserrement" s'est opéré entre 2021 et 2022 sur le coût du crédit, mais aussi sur la gestion de trésorerie des entreprises avec des taux réajustés.
Même constat sur les crédits à la consommation et à l'habitat en raison de la hausse des taux. Des baisses observées de 30 à 50 %. Preuve que les Réunionnais commencent à rencontrer des difficultés, les dossiers de surendettement déposés sont en hausse de 11 % rien que sur le mois d'avril. "Une partie de la population commence à éprouver des difficultés", prévient Philippe La Cognata. "Néanmoins, le ralentissement attendu ne serait ni aussi rapide, ni aussi important qu'en France métropolitaine. Le territoire devrait pouvoir capitaliser sur la digitalisation du tissu économique opérée ces deux dernières années, sur une demande de services résiliente en ce début d'année et sur le rôle plus structurant du secteur public à La Réunion", conclut l'Iedom. Quant à l'inflation, elle devrait connaître un pic en décalage avec la métropole, d'ici la fin de l'année ?
Julien Delarue
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