Coups de coeur du week-end !

Vendredi c’était le retour de Total Danse avec deux spectacles pour le prix d’un dans la même soirée. Perso, j’ai trouvé qu’il y en avait un de trop, sans vouloir faire la fine bouche ni laisser qui que ce soit sur la touche. Le vieux refrain arguant « qui trop embrasse mal étreint », me revient après cette soirée qui a débuté comme un enchantement avec la Cie par Terre d’Anne Nguyen et son trio de danseurs « totalement » époustouflant, porté par une suite d’airs et de chants éloquents et magistralement orchestrés pour donner un supplément de vie, en sublimant la chorégraphie  d’un protest-song  géant de leurs corps ciselés, entre hip-hop, soul, jazz and love song de l’histoire américaine noire ici corsée de compo de derrière les fagots de Sébastien Lété, avec, pour seul décor, des nuées savamment effilochées dans le ciel d’une scénographie à la pureté… essentielle. Coup de sombrero  à l’auteure de cet « Underdogs » qui, au festival, a servi de prologue, et à la maestria de ses artistes Sonia Bel Hadj Brahim, Pascal Luce et Arnaud Duprat. Difficile après ça d’objectivité garder pour mettre à égalité la seconde partie de la soirée confiée à Didier Boutiana et ses danseurs de Soul City pour un « Sol oblige » inédit. Même si on s’interdit la comparaison, on a un peu de mal à succomber avec la même passion, d’affilée, à une autre tentation puisée à l’ identique source et pensée philosophique des sentiers guerriers arpentés par les breakeurs d’ici ou d’ailleurs… surtout quand elle joue les prolongations sur un mode récurrent, certes maîtrisé mais peu innovant et assez vite lassant après l’énergie décuplée en premier. Pas vraiment un cadeau de la part des organisateurs et à revoir plus tard en solo, pour mieux apprécier le boulot.

 Révélations

Samedi, direction les Bambous et nouveau coup de foudre avec  « Frénésies », le road-movie théâtral et musical, magnifique exercice servi par la jeune Cie Tilawcis. Le texte est savoureux, voire souvent délicieux, tout comme le jeu de Florient Jousse qui incarne les héros de Jack Kerouac avec, tout à trac, une folie douce, un tempérament et un emballement de chaque instant pour, truculent, virtuose et omniprésent, occuper la scène que viennent pousser, dans ses retranchements,  avec évidence, prestance et brillance, Pinpin et ses anches, le tout dans une magistrale mise en scène théâtrale de Robin Frédéric et une mise en musique  tout aussi magique de Brice Nauroy entre électro et maloya . Parler de  « révélation », ici n’est pas fortuit, car, si c’est bien l’effet produit par cette pièce et ses prouesses, c’est aussi le mot qui a conduit Jousse à l’écrire, inspiré à la fois par Kerouac et par l’ami d’enfance  de Bois d’Olives devenu grand voyageur et restaurateur, Glenn Dané qui a semé dans l’esprit de l’enfant qu’alors il était, les graines de cet mythique traversée qu’il a su se ré-approprier avec ses codes pour envoyer un marmaille réunionnais « on the road ». Résultat ?  Sensation de grande évasion vers les Etats-Unis   pour décupler, en particulier  avec New-York City, nos envies d’y retourner bat’ carré,  boostées par Philippe de Lacroix Herpin et ses chants cuivrés. On se dit, good idea, que « Frénésies » devrait être édité  pour en prolonger la saga, notamment  dans la collection « théâtre » des Editions K’A … Pourquoi pas ?

Marine Dusigne

> Who’s who ?
Qui sont donc les héros du trio de « Underdogs » Arnaud Duprat alias AAron EVO, Pascal Luce alias “Scalp”, et Sonia Bel Hadj Brahim alias “SonYa” ? Le premier, Arnaud, danseur funkstyle et beatmaker/compositeur, dansedepuis 1995, explorant de manière autodidacte la hype, l’electric boogie, le B-Boying, le locking et le boogaloo/popping, Originaire des Landes, il a rejoint Paris en 200 et danse au sein des cies Montalvo-Hervieux, Point Zéro,la Cie de Soi, puis forme Groove Garden en 2018 (avec Pascal Luce et Sonia Bel Hadj Brahim). En parallèle, sous le nom d’AAron EVO il se distingue dans de nombreux battles, et devient l’un des compositeurs les plus prolifiques de la scène popping. En 2019, il rejoint, avec Pascal et Sonia la Cie d’Anne Nguyen pour le spectacle « A mon bel amour ».
Le second, Pascal ,est pour sa part, un danseur autodidacte spécialisé en popping et en locking, qui enseigne la danse hip-hop depuis plus de dix ans. En 2003 il participe à la tournée Funktherapy avec Popin’ Pete, Skeeter Rabbit et Disco Dave, remporte nombre de battles et danse pour les cies Funk and Style, Point Zero, Rualité , La Mécanique des Naïfs  avant de former Groove Garden  puis de rallier avec les deux autres  la Cie par Terre.
Quant à la benjamine Sonia, avant de s’allier à ces deux-là, elle s’est formée avec le premier en  2004 au popping avant de se spécialiser en waacking de manière autodidacte dès 2011 (une danse alors méconnue du grand public en France). Elle maitrise le vocabulaire des soul dances, du locking et du hip-hop, en battle comme en spectacle, règne sur ses disciplines de prédilection ( Express Your Style, Juste Debout, Street Star, Hot Mess, Waacking Summer Sharing…) et rejoint le collectif français Ma Dame Paris. Sur scène, elle a dansé pour plusieurs cies françaises comme la Compagnie du Hanneton  avant de retrouver Pascal et Arnaud  pour former Groove Gardenet des spectacles comme « Promenade obligatoire » ou « Autarcie » et danser avec eux pour les créations d’Anne Nguyen.