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Nouvelle-Calédonie: dans les outre-mer, des soutiens à la contestation indépendantiste

Sur un Facebook calédonien, un soutien aux indépendantistes kanak venu de Martinique s'affiche: la contestation en Nouvelle-Calédonie est très suivie dans le reste de l'outremer français, et avec le soutien d'une partie de l'opinion.


Auteur de l'article : Nouvelle-Calédonie: dans les outre-mer, des soutiens à la contestation indépendantiste
Rédigé par Clicanoo

Sur la page "Coup de gueule NC", l'indépendantiste martiniquais Francis Carole, président du Palima (Parti pour la libération de la Martinique), a enregistré trois minutes d'encouragements aux opposants à la réforme gouvernementale en Nouvelle-Calédonie.

"Soutien ferme à votre lutte", dit-il.

"Après des décennies de promesses, l'Etat français met tout en œuvre pour une recolonisation de la Nouvelle-Calédonie (...) inacceptable", ajoute l'élu antillais, élargissant ensuite son propos à la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et la Polynésie où il appelle à ce que "les peuples décident pour eux mêmes".

Plus de 3,4 millions de personnes vivent dans les départements et collectivités françaises d'outre-mer, représentés par 27 députés et 21 sénateurs.

En Polynésie française, collectivité de l'océan Pacifique inscrite, comme la Nouvelle-Calédonie, au Comité spécial de la décolonisation des Nations unies, le président Moetai Brotherson ne craint pas de "contagion" des émeutes calédoniennes chez lui. 

Il s'exprimait vendredi en marge du bilan de sa première année d'exercice. Partisan du dialogue avec l'Etat français, cet indépendantiste modéré vise la souveraineté pour "dans les dix ou quinze ans".

Mais à l'Assemblée nationale, le député polynésien Tematai Le Gayic s'est montré plus inquiet: "Ce qui m'interpelle (...), c'est que cette assemblée qui devrait, lors de ce quinquennat, décider de l'avenir institutionnel de mon pays ne reconnaît pas la place du peuple premier".

"Je ne sais pas si ça va faire tâche d'huile mais ça va continuer à réveiller les consciences en outre-mer", estime pour sa part le député indépendantiste guyanais Jean-Victor Castor (gauche). 

"Très clairement, avec la crise économique, sociale, politique, des problèmes d'eau, de chômage, le coût de la vie, les gens se reconnaissent dans le combat des Kanak, même quand ils ne sont pas indépendantistes", ajoute-t-il auprès de l'AFP.

Attention, avait-il mis en garde mardi à l'Assemblée: "Nous ne sommes pas en présence d'un mouvement social semblable à celui déclenché par la réforme des retraites, il s'agit d'un peuple qui revendique sa pleine souveraineté". 

Samedi après-midi (en soirée à Paris), il s'est joint à une manifestation "en solidarité avec le peuple kanak" à Cayenne, qui a réuni une cinquantaine de personnes, selon un correspondant de l'AFP.

Pendant une heure, les prises de parole anticolonialistes se sont succédé depuis le fort Cépérou, une fortification militaire construite aux XVIIe siècle par les premiers colons français, aujourd'hui réappropriée par les militants autochtones amérindiens.

Un appel à un mouvement global de contestation dans l'ensemble des outre-mer a été relayé par des militants du Mouvement de décolonisation et d'émancipation sociale (MDES), principal parti indépendantiste de Guyane, qui entretient des liens avec les Kanak du FLKNS depuis 40 ans.

- "L'ONU doit intervenir" -

La Guyane française, située en Amérique du sud et grande comme le Portugal, a une population légèrement plus nombreuse et plus jeune que la Nouvelle-Calédonie, avec environ 286.000 personnes et plus de 40% de moins de 20 ans.

Le département est travaillé par une remise en question de la tutelle de la France, relancée par le mouvement social de 2017 né sur fond de graves problèmes sécuritaires.

En Guadeloupe, où le gouvernement français s'est dit prêt à discuter de l'autonomie après les émeutes de 2021, plusieurs organisations ont elles aussi affiché haut et fort leur soutien aux indépendantistes calédoniens, lors d'un point presse vendredi.

"La France n'est pas apte à superviser le processus de décolonisation de la Kanaky et l'ONU doit intervenir", a plaidé à l'AFP Laurence Maquiaba, porte-parole de l'Alyans Nasyional Gwadloup (ANG), troisième parti dans l'île avec près de 10% des voix aux élections régionales de 2021.  

A La Réunion, ni la question de l'indépendance, ni celle de l'autonomie, mise en sommeil depuis 1981, ne sont très présentes. La crise calédonienne est cependant abondamment suivie dans les médias et par la classe politique.

Et la présidente de région Huguette Bello (gauche) travaille à un texte avec d'autres élus ultramarins dans lequel le gouvernement est accusé d'avoir détricoté les accords de Nouméa, a-t-on appris auprès de ces élus et leur entourage.


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