La passion selon Bernard Joron
ÉVÉNEMENT. Carte blanche exemplaire pour trois concerts extra-ordinaires, dont nous avons pu apprécier la générosité, la beauté et l’efficacité, dimanche, chez Gramoun Lélé.
Rédigé par marine dusigne
Une sorte d’apogée de cette mini-tournée, entre Saint-Denis, Le Tampon et aussi Saint-Benoît, que La Réunion, (toutes générations confondues, réunionnaises ou "accourues") s’est empressée de rallier pour applaudir ce phénomène de la scène, cet enchanteur bien-né qui fait honneur à ses aînés.
Certes il s’agissait d’un défi, on l’a dit, et pas seulement pour Bernard Joron qui, une fois de plus, s’est admirablement tiré de cette situation d’exception, en accompagnant du geste, de la voix et du corps tout entier, qui ne demandait qu’à danser, les instruments symphoniques convoqués par Thierry Boyer pour cheminer de concert au cœur, des plus poétiques, de sa matière première, la chanson créole, et lui octroyer l’obole singulière des musiques de la terre entière, du Brésil ou de Cuba, d’Argentine ou de Vienna, avec un charme particulier, dont les approximations d’interprétations orchestrales, avec autant d’instruments, participaient à l’harmonie générale. La voix du leader de Ousanousava n’a jamais failli pour instaurer l’unisson et la perfection en simultané.
La flamme
Juste une confirmation des talents de Bernard, qui décidément sait s’adapter à tous les changements et peut tout faire sans que son chant, ou celui légué par son père, n’y perde sa flamme ou son âme. Un récital extrêmement touchant et sans rien de banal où, de "Grand Mère" à "Nous connait pas Ousanousava", et autres références intimes comme "Fifine" la divine, et an plis ke sa "Le jour mi sa va"… C’est un brasier d’amour qui a consumé le cœur des spectateurs venus par milliers pour ajouter leur partition de bravos enchantés à ce répertoire servi par le conservatoire et quelques piliers d’Ousanousava (notamment Patrick Atide, Frédéric Tossem, Guillaume Dejean) avec la part de magie qui sied à ce genre d’exploit. Heureuse de n’avoir pas manqué ça !
Marine Dusigne