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Transphobie : "Il n'est plus possible de se taire"

RASSEMBLEMENT. Une cinquantaine de personnes se sont réunies, hier, en début d'après-midi, près de la grande fontaine au Barachois, pour témoigner leur soutien aux droits des personnes trans. Un appel national, atteignant même la Belgique, qui avait pour vocation de lutter contre la vague de transphobie qui submerge la France ces derniers temps.


Auteur de l'article : Transphobie : "Il n'est plus possible de se taire"
Rédigé par Clicanoo

Les prises de paroles s'enchaînent, toutes aussi engagées les unes après les autres, jusqu'à celle, poignante, d'une mère de famille, désenfantée. "À l'âge de 16 ans, mon enfant ne supportait plus son corps, raconte-t-elle à demi-mots, en évoquant son suicide. Il est essentiel, capital, qu'on continue à se battre. Plus il y aura d'acteurs, plus le combat continuera. On a tous le droit d'être qui on est." Ce combat, c'est celui des personnes trans, qui, aujourd'hui, redoutent l'inévitable : celui de ne plus avoir de droits. Hier, en début d'après-midi, une cinquantaine de jeunes et d'adultes se sont réunis à la grande fontaine du Barachois pour lutter contre la vague de transphobie qui sévit en France en ce moment.
Au cœur de cet appel national, deux points de colère : la publication d'un livre "absolument transphobe", "de la pire espèce" : Transmania, qui étrille "l'idéologie transgenre", mais aussi et surtout, la proposition de loi du groupe LR, qui sera examinée par le Sénat le 28 mai, pour interdire les transitions de genre chez les mineurs. "Cela équivaut de facto à une condamnation à mort, cadre Xylric Lépinay, président de l'association Timisé. Et d'une certaine manière aussi, cela permet de ré-autoriser des thérapies de conversion spécifiquement pour les hommes trans. On est donc dans un climat qui est vraiment mauvais."
D'où l'urgence de se mobiliser pour "faire converger les différentes luttes pour pouvoir avoir un petit peu plus de visibilité et être entendus." C'était d'ailleurs également l'un des points que les représentants des associations LGBTQIA+ avaient abordé avec Aurore Bergé, lors de sa visite à La Réunion. "Elle avait reçu à son ministère Dora Moutot et Marguerite Stern, autrices de Transmania en plus d'être des militantes anti-trans notoires, rappelle Xylric Lépinay. On lui a demandé de se positionner sur le sujet et elle nous a répondu que si jamais les propositions-là étaient déposées, son gouvernement s'y opposerait. Reste à voir ce qu'il en sera. Parce qu'en termes de cohérence politique, on n'est pas au top du top." 

"En France, la transphobie est institutionnelle

Présent, hier, également, le Planning Familial a notamment insisté sur les conséquences de cette attaque envers les droits des personnes trans. "Ce sont les droits sexuels et reproductifs des femmes et de tous qui seront les suivants, avance l'un des membres. On l'a vu dans plusieurs pays, notamment en Hongrie, en Italie et aux États-Unis. En Russie aussi, par exemple, ça a commencé comme ça. On parlait de lobby et de propagande LGBT. Et maintenant, les militants et militantes ou juste les personnes de la communauté LGBT sont soit emprisonnés, soit contraints à l'exil. En France, la transphobie, elle est institutionnelle. Elle est dirigée contre les assos aussi, comme le Planning Familial."
Alors attaquer les droits des personnes trans, "ce sont autant de menaces envers l'accès à la contraception, à l'avortement, à la lutte contre les violences, des menaces envers l'accès à l'éducation, à la vie affective et sexuelle, d'autant plus nécessaires dans ce contexte de discours haineux, complotistes et pseudo-scientifiques." C'est pour cela qu'il faut lutter. Lutter contre l'homophobie et la transphobie. Car, l'adoption de ces propositions de loi serait un "énorme retour en arrière", craint Xylric Lépinay.
"Les enfants trans étaient reçus en consultation avant même que la transidentité soit dé-psychiatrisée en 2010, dit-il. Il fut un temps où on disait, un enfant trans, si ça n'a pas commencé dans l'enfance, c'est qu'il n'est pas vraiment trans. Et aujourd'hui, on dit que si ça commence dans l'enfance, c'est que ça lui est monté à la tête. On ne gagne jamais, de toute façon, à ce jeu-là. Les enfants ne sont plus des objets, ce sont des sujets. Ils ont des droits, comme tout le monde, et ils ont un droit à disposer librement de leur corps. C'est absolument inacceptable de faire ce genre de choses."
Le but, selon le président de Timizé, étant que les jeunes trans "retournent mourir dans l'ombre." "Mais, il est hors de question qu'on y retourne, a-t-il conclu, hier. Il n'est plus possible de se taire."


P.B


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